C'est grâce à une rencontre inopinée avec une ancienne étudiante de l'Ecole Normale Supérieure de Luang Prabang dans une rue à Vientiane que nous avons eu la chance d'assister à la fête organisée autour de l'anniversaire d'Anouvong, devant sa statue au bord du Mékong à Vientiane.
ANOUVONG fut le dernier roi de Vientiane entre 1805 et 1828.
Il était né en 1767 et mourut en 1829 dans des conditions particulièrement sordides.
Longtemps allié des Thaïs contre les birmans, il se rebelle contre les premiers entre 1826 et 1828 pour récupérer son indépendance. Avec son armée, il parvient à Bangkok, mais doit battre en retraite, il sera vaincu à Vientiane. Le roi Thaï, RAMA III fait alors piller la ville.
ANOUSONG se réfugie à Hué (dans l'actuel Vietnam) et revient avec une armée alliée. Il est encore battu et cette fois, fait prisonnier.
Le roi RAMA fait alors détruire toute la ville, sauf le vat (pagode) Sisakhet qu' Anouvong avait fait construire quelques années auparavant.
ANOUVONG mourra à Bangkok en 1829, emprisonné dans une cage de fer.
Ce sont les mouvements nationalistes laotiens qui en ont fait un héros, malgré ses erreurs, ses défaites, (puisqu'il a provoqué la division de la nation lao)
Il avait eu 24 enfants et avait choisi une de ses filles (21 ème enfant) pour la mettre à la tête du nord du pays et un de ses fils (3ème enfant) à la tête du sud.
D'après un article publié par "Courrier international" en novembre 2010, cette statue, installée à Vientiane en 2010, face au Mékong, donc à la Thaïlande qui occupe l'autre rive, doit être vue comme une contestation directe de la suprématie du voisin Thaï, et comme un message fort appelant le régime à résister aux tentatives de domination tous azimuts.
Il peut paraître curieux qu'un régime marxiste-léniniste ait choisi un ancien roi pour incarner l'image nationale. peut-être parce que les laotiens ne vénéreraient pas un homme du peuple !
Cette statue fut donc érigée 182 ans plus tard, pour célébrer le 450ème anniversaire de la capitale.
8m de haut, main gauche sur l'épée, bras droit tendu pour symboliser le courage face à l'ennemi.
On peut aussi imaginer la représentation d'un état moderne fort pour résister aux puissants et influents voisins que sont non seulement la Thaïlande, mais surtout la Chine et le Vietnam.
La fête des offrandes à Anouvong a eu lieu ce samedi 27 octobre. Les habitants de la ville se retrouvent, dès 6h30 pour célébrer cet anniversaire.
Dans le parc, de nombreuses petites échoppes vendent les offrandes : fleurs de lotus, paquets de biscuits, riz gluant (mais souvent, ce sont les femmes de la ville qui ont prélevé la part des moines sur leur cuisson du jour et apportent ce riz dans de petits récipients tressés), bonbons....
Deux longues tables sont dressées sous une tente, et tous les habitants défilent devant une centaine de récipients (chacun portant le nom du moine à qui il appartient) et de sacs dans lesquels seront déposées les offrandes, accompagnées de billets de banque.
Ce sont de jeunes lycéens qui sont mobilisés pour organiser la collecte et remplacer les sacs pleins au fur et à mesure. Il sont encadrés par leurs professeurs et il semble que ce soit pour eux un honneur de remplir cet office.
Pendant le défilé des offrandes, les moines psalmodient un peu plus loin, confortablement installés.
Quelques nonnes, à part, recueillent seules, leurs propres offrandes, assises par terre.
Pendant la procession des fidèles (majoritairement des femmes) les moines participent à un banquet, servis par les jeunes garçons, et à l'écart des fidèles qui ne sont pas autorisés à les toucher.
Une fois l'ensemble du défilé achevé, les lycéens restituent à chaque moine sa part des offrandes, chacun ayant son propre récipient à offrandes.
La statue a elle aussi droit à sa part d'offrandes et de dévotions.
La cérémonie se termine par un BACI, cérémonie qui n'a rien de bouddhiste, mais relève de rituels animistes, mais toutes les religions se côtoient au Laos, sans discernement.
C'est aussi l'occasion d'une fête populaire et d'un pique-nique en famille.
Avant la dispersion, une photo de groupe des élèves et des professeurs est prise au pied de la statue. Elle ornera leur lycée dès la semaine prochaine.
Que KHRAMLA, devenue professeur de français dans un lycée de Vientiane soit remerciée pour nous avoir donné l'opportunité de participer à cette cérémonie.